Qui dit quoi ? Les mots à utiliser pour éviter la pratique illégale de la médecine

En tant que naturopathe, sophrologue ou praticien de bien-être, on vous a certainement expliqué que certains mots sont interdits dans votre communication. Des termes tels que « thérapeute », « traitement », « patient » ou même « santé » peuvent effectivement être sujet à polémique.

En fonction des sources, la liste est plus ou moins longue. Cela peut vous amener à avoir peur de communiquer sur votre activité, et c’est un frein qu’il faut lever !

Dans cet article, vous trouverez les tenants et aboutissants sur cette chasse gardée du language.

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Le pouvoir des mots et des symboles

La puissance du langage

Le langage est un formidable moyen d’entrer en relation avec les autres. Lorsque nous l’utilisons, il nous permet d’émettre des idées, des images, de créer des identités et des messages que l’on essaie de transmettre à l’autre. De cette manière, nous pouvons nous situer dans un univers entier de représentations. Nous pouvons jouer sur les nuances et les significations et expliquer la construction du sens, pour soi et pour les autres.

C’est un outil subtil et merveilleux, mais qui est également sujet à de nombreux débats et controverses. En effet, malgré tout le soin que l’on peut mettre dans le choix des termes employés, il n’y aucune garantie que notre interlocuteur comprenne correctement notre message. Un mot peut refermer plusieurs sens officiels, et encore plus de significations et de nuances en fonction du contexte dans lequel il est employé.

Cela peut donner lieu au mieux à un défaut de nuance, au pire, à la transmission d’un message à l’opposé de ce qui est souhaité au départ.

Un mot peut également renvoyer à tout un univers imaginaire car il peut posséder une conotation culturelle forte.

Par exemple :

• Le terme « Bio » : renvoie à une image de nature où les fruits et légumes poussent naturellement. En réalité, il s’agit surtout du respect d’un cahier des charge défini, et qui varie en fonction des pays. Il peut y avoir du « bio » sous serre et en hors saison. L’imaginaire collectif décrit ci-dessus revoie plutôt à la permaculture.
• Le terme « patient » : renvoie à l’univers médicalisé. C’est un terme qui identifie une personne reçevant des soins par un professionnel de santé.
• Le terme « vaccin » : renvoie dans l’imaginaire collectif à tout traitement succeptible de lutter de manière préventive contre une infection bactérienne ou virale. En réalité, un vaccin correspond à un processus défini d’injection du germe microbien auquel on a fat perdre artificiellemet son pouvoir pathogène pour n’en garder que le pouvoir immunisant. Les autres techniques de traitement appeées « vaccins » sont en réalité des abus de langages.

Un exemple avec la « qualité » alimentaire

Pour illustrer la complexité des termes, voici un exemple issu de ma propre expérience, qui m’a donné bien du fil à retordre !

Lorque j’étais ingénieure agro, j’ai entendu le mot « qualité alimentaire » tous les jours et à toutes les sauces. Il m’aura fallu du temps pour distinger une subtile différence entre la « qualité organoleptique » (niveau de plaisir sensoriel déclenché par l’aliment), la « qualité nutritionelle » (richesse en nutriments) et la « qualité sanitaire » (absence d’éléments pathogènes).

Un produit très qualitatif d’un point de vue sanitaire peut être une catastrophe gustative et nutritionnelle. Un produit considéré comme excellent gustativement peut être une hérésie sanitaire, etc…

En quelques lignes, vous aurez donc compris qu’en fonction du contexte, le terme de « qualité » renvoie à des univers différents, à des définitions différentes.

Il en va de même pour tous les termes propres à la santé et à la thérapeutique. En fonction du contexte, ils peuvent prendre une connotation particulière. Par exemple, le terme « consultation » s’emploie indifférement pour désigner un rendez vous chez le médecin, chez un coach, ou avec un expert dans un domaine (consultation avec un expert en gestion du patrimoire, un expert en stratégie d’entreprise…). Mais en fonction du contexte, il pourra poser problème ou non.

Les symboles et le langage non verbal

Il est important de noter que la construction d’une représentation ne passe pas uniquement par le langage. Un univers de représentation est également suggéré par des couleurs, des images, des logos …

Suggérer un univers, c’est le coeur des métiers de la communication et du marketing.

Les couleurs, images et logos participent à la création d’une ambiance

Prenez la représentation du caducé entouré d’un serpent : il savez immédiatement qu’il s’agit du corps médical. Si ce logo est vert et que le serpent s’entoure autours d’une coupe, il s’agit d’une pharmacie. Ces logos sont déposés et protégés au même titre qu’une marque.

De manière plus subtile : les couleurs blanches et bleues pour les sites internet renvoient beaucoup à l’univers de la médecine, et des laboratoires pharmaceutiques. Les couleurs vertes et blanches à l’univers des pharmacies. Les designs sont souvent très sobres, avec des images épurées, tout comme l’est un espace médical aseptisé.

Les couleurs vertes, marron, ocres, jaunes, oranges … renvoient à l’univers du naturel, du « Bio », du bien-être. Les designs sont souvent plus fournis avec des images de nature, de médiation, de grands espaces.

Les tenues et postures transmettent un message in situ.

Il en va de même pour votre tenue au cabinet.

Par exemple, le corps médical se réserve la blouse blanche. Le blanc permet de voir que le praticien est propre, sans tâches de sang ni de souillures.

La blouse bleue-vert est celle des chirurgiens, la blouse rose celle des infirmières …

Les blouses de massage ont souvent une fermeture sur le côté et sont plus colorées. Je vous conseille d’éviter le noir, car même s’il est associé au luxe (couleur du velours), dans notre culture il est également le symbole du deuil. La mise en condition pour accompagner votre clientèle n’est donc pas idéale.

Tous ces détails concernant l’univers que vous mettez en place viendront donc renforcer ou au contraire atténuer le message que vous souhaitez faire passer, et décrire l’univers auquel vous souhaitez vous connecter.

Le champ lexical thérapeutique est-il véritablement interdit ?

En réalité, il n’existe aucune loi stricto sensus qui réserve l’usage exclusif d’un terme à une profession. Ce serait tout bonnement impossible à légiférer.

Tout le monde peut employer le terme « santé » par exemple. Le terme « thérapeute » également. Cela étant, il faut garder à l’esprit que les termes peuvent prendre une connotation particulière en fonction de l’environnement et du contexte dans lequel ils se trouvent.

Cependant, l’univers et les termes que vous employez peuvent créer la confusion dans l’esprit de votre clientèle et les ammener à penser que vous faites partie du corps médical, ou que votre action est équivalente. C’est cela qui est réglementé et interdit.

Il existe donc légalement des antécédents de condamnation pour emplois de termes très connotés mis à proximité les uns des autres, dans un contexte qui peut prêter à confusion. C’est rarement un facteur unique de condamnation, par contre, c’est un facteur alourdissant les charges retenues lors d’un contrôle.

La sanction peut être :

• Pratique illégale de la médecine : Mais il faut une dérive ouverte dans la pratique qui se proposerai de remplacer une prise en charge médicale. Ces accusations restent très rares et elles sont en général très médiatisées. Ce fut le cas de Miguel Barthélémy, condamné à 1 an ferme de prison en 2021 suite au décès de deux de ses clients atteins de cancer (article ici).
• Tromperie au consommateur : Ce sont des condamnations plus fréquentes qui passent relativement innaperçues aux yeux du grand public. C’est la DGCCRF, l’organisme de surveillance et de protection du consommateur, qui en est à l’origine. Le rôle de cet organisme (entre autres) est de s’assurer qu’il y a une bonne adéquation entre les prestations que vous proposez réellement et la promesse qui est présentée dans votre communication. Le plus souvent, la sanction consiste en une amende. Selon la gravité des cas, elle peut être assortie d’une interdiction d’exercer.

Pourquoi faire l’effort d’adapter son champ lexical ?

Dans tous les cas, je suis partisane du « mieux vaut prévenir que guérrir ».

Même s’il peut être frustrant de devoir se contraindre dans les termes utilisés, même si vous avez le sentiment qu’il s’agit d’une guerre de territoire ridicule, il est important de prendre des précautions :

• Pour vous protéger d’une sanction (Ordre des médecins, des pharmaciens ou de la DGCCRF). Cela ne fait jamais plaisir de prendre une amende !
• Pour vous protéger d’une déconvenue client. En effet, il n’y a rien de pire qu’une personne qui est déçue par votre prestation car elle espérait une prise en charge « médicale » et avait de hautes attentes. Cela pourrait impacter fortement votre réputation.
• Pour protéger vos clients de cette même déconvenue.
• Pour permettre à chacun de trouver sa place dans la prise en charge du processus de santé, que l’on soit client/patient, professionnel de santé ou du bien-être. Gardons à l’esprit que nous avons tous des métiers différents et complémentaires.

En réalité, ajuster son vocabulaire est une simple question d’habitude. Une fois les réflexes en place, il n’y a plus besoin d’y penser.

Liste des termes sensibles à remplacer

Pour vous aider dans ce processus de réflexion, voici une liste des termes les plus connotés médicalement. Je vous propose de quoi les remplacer dans votre communication. Cette liste n’est pas exhaustive. Vous pouvez bien-sûr la compléter, ou enclencher une réflexion commune en laissant un commentaire sous l’article.

Terme à remplacer	Proposition de remplacement
Thérapeute	Praticien, accompagnant, naturopathe, sophrologue… ou le titre de votre métier !
Thérapie	Accompagnement, suivi, cure, protocole
Patient	Client, consultant
Traitement, Prescription	Recommandation, protocole, conseil, bilan vital
Soigner	Apaiser, calmer,équilibrer, revitaliser, ré-énergiser
Guérir	Apaiser, calmer, soulager
Pathologie	Maux, problématiques, déséquilibres
Médecine	Naturopathique, naturel, doux, bien être
Anamnèse	Bilan, bilan vital
Consultation	Préciser « consultation naturopathique » ou « consultation en sophrologie », ou tout simplement le terme rendez-vous

Gardez bien à l’esprit que vous avez le droit de parler de votre pratique, de sciences, de biologie … Vous avez le sdroits de commenter des articles de spécialistes, de les repartager. Tant qu’il est clair pour votre public que vous n’êtes pas du corps médical mais que vous appartenez à l’univers du bien-être, vous pouvez communiquer sur les sujets qui vous tiennent à coeur !

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